Mulhouse. Un grand port de mer.
Mulhouse est une des villes françaises de plus de 100 000 habitants qui compte le plus d’étrangers. Plus de 25%. Sans l’immigration ouvrière, Mulhouse n’aurait pu devenir une puissance industrielle et atteindre plus de 120 000 habitants au début des années 1970.
Lorsque le chômage est apparu dans l’industrie, certains ont voulu l’associer à des problèmes d’immigration qui est souvent au cœur des conversations. Beaucoup de préjugés et de rumeurs circulent. On oublie le déroulement de l’histoire et les raisons qui ont amené les étrangers à venir s’installer en Alsace. On ignore aussi souvent le parcours de ces familles.
Aujourd’hui, chaque signe trop voyant est décrié. Sans nier la réalité et la complexité des problèmes posés, constatons que la société n’a pas réussi à concevoir une fusion avec ces populations et a créé une espèce d’apartheid invisible.
La cité ouvrière. Le modèle mulhousien
C’est à Jean Dollfus, fondateur de l’entreprise DMC, que l’on doit la concrétisation de ce projet et à l’ingénieur architecte Emile Muller sa réalisation. Le principe est de faire financer la construction des maisons par des investisseurs moyennant des intérêts, pour permettre aux ouvriers de devenir propriétaire de leur maison.
De 1853 à 1897, ce sont 1 243 logements qui ont été construits dans la partie nord-ouest de la ville.
Les maisons présentent un plan type basé sur le « carré mulhousien » constitué de 4 logements dans une seule maison, chaque logement d’une surface de 50 m2 avec un rez-de-chaussée, un étage, une cave, un grenier et un jardin. Des rues et des passages de 2, 50 de large, structurent le quartier.
Mon travail.
Mon questionnement porte essentiellement sur le devenir d’une cité ouvrière, plus de 150 ans après la construction de la première maison.
Qui l’habite ? Quelle transformation ? Il est difficile aujourd’hui de reconnaître les plans originaux. Chacun a voulu s‘approprier les lieux et se créer un environnement à son image.
La cité ouvrière de Mulhouse concentre aujourd’hui dans un espace de quelques hectares, toute la richesse et les problématiques de la ville. Se côtoient avec parfois quelques heurts, des familles d’origines et ethnies différentes. De l’Alsacien de souche né dans la cité, aux derniers arrivants qui maîtrisent à peine le français, chacun essaie de cohabiter.
Mais tous ont une histoire, touchante, intéressante, originale et tous travaillent ou ont travaillé beaucoup pour devenir propriétaire de leur maison à laquelle ils attachent une importance capitale.